Guide des formations juridiques 2015 - page 349

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Un bon juriste n’est pas seulement un
excellent technicien, il doit aussi être un
jurisconsulte accompli. Cette notion, un
peu désuète mais inactuelle, désigne ce
professionnel qui, maniant avec compétence les outils juridiques,
pense le droit dans toute sa complexité et réfléchit constamment
sur le sens de sa mission, à son rôle dans la société du XXIe siècle.
L’histoire du droit appartient à cette boite à outils du jurisconsulte.
Elle pose à chacun des juristes une question cruciale et récurrente
: à quoi tenons nous ? Face à des réformes législatives, à des
décisions de justice, à des actes juridiques, il est indispensable
non seulement de saisir l’héritage historique qui nous caractérise
et nous définit mais aussi de l’actualiser pour le rendre vivant, de
l’adapter ou, pourquoi pas, d’y renoncer.
Réformes des professions réglementées et du droit du travail,
modifications des règles de la filiation, nouvelle organisation
territoriale ou encore législation sur l’égalité homme-femme :
tous ces moments, comme d’autres, sont l’occasion d’interroger
notre passé juridique, d’en saisir la relativité, la plasticité mais
aussi la remarquable endurance. Mieux que quiconque, l’histoire
du droit aide le juriste, et plus généralement le citoyen, à penser
une tradition bousculée qui se consolide en se réinventant
continuellement.
S’engager dans la voie de l’histoire du droit permet de compléter
très utilement la préparation aux concours judiciaires et
administratifs, d’envisager une carrière dans l’enseignement et la
recherche mais surtout, dans un monde plus globalisé évoluant
à un rythme accéléré, de doter le juriste d’une conscience plus
aigüe des défis juridiques contemporains, d’accompagner avec
lucidité la demande croissante de droit.
L’histoire du droit, vigilante mais prudente, permet de construire
l’avenir bien plus qu’elle n’enchaine notre présent au passé.
« Demander au passé des leçons et des
exemples pour l’avenir »
: c’est ainsi que
le conseiller à la Cour de cassation Tarbé
des Sablons définissait l’histoire du droit.
Discipline indispensable à la culture
juridique, elle permet en effet de prendre
conscience de l’héritage reçu des grands juristes français
qui nous ont précédés. Soulignant l’importance du temps
dans les évolutions juridiques, l’histoire du droit apprend
en effet au juriste à se situer ainsi dans une généalogie, et
à connaître et aimer ses racines pour être en capacité de
comprendre les enjeux juridiques contemporains.
Aussi engage-t-elle le juriste à porter sa réflexion à un
haut degré d’analyse, envisageant le droit, non comme un
simple outil technique, mais bien comme un art, au service
du bien commun. Les formations supérieures spécialisées
en histoire du droit, en théorie juridique, en philosophie du
droit ou en droit comparé ont bien sûr vocation à préparer
aux concours, mais également à consolider une formation
technique pour parfaire une expertise, qu’elle touche au droit
public ou au droit privé. Elles ouvrent par ailleurs aux métiers
de la recherche universitaire, afin d’enrichir et de transmettre
cet enseignement précieux aux étudiants en droit, appelés à
former les grands juristes de demain.
HISTOIRE, SOCIOLOGIE
ET PHILOSOPHIE DU DROIT
Frédéric Audren
Chargé de recherche au CNRS
Centre d’études européennes (UMR 8239)
Ecole de droit de Sciences Po
Claire Bouglé-Le Roux
Maître de conférences à l’Université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines
Master II d’Histoire du Droit
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